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DOSSIER SPÉCIAL Stadium mag

Jean-François Carenco : "La République doit
dire merci au football amateur"

Il est le plus haut représentant de l’Etat pour notre Région. Jean-François Carenco, Préfet de Paris et
Préfet de la région d’Ile-de-France, nous livre son analyse sur la place du sport et plus particulièrement du
club de football amateur au sein de la société francilienne.

Quelle est votre vision du club de foot amateur dans toutes les catégories de la population, le football amateur, à

en région parisienne ? Le club de foot amateur en travers ses clubs, joue effectivement un rôle d’acteur "sociétal" à

région parisienne regroupe des joueurs très variés et part entière. Il redonne un cadre à ceux qui n’en n’ont plus. Il offre

représentatifs de la France d’aujourd’hui, sans doute un loisir accessible à tous. Et quelle autre activité humaine trans-

encore plus qu’ailleurs. C’est le reflet de la diversité qui cende les clivages sociaux aussi bien que le football ? L’ap-

caractérise notre territoire. Le football y va donc à la prentissage du sport permet toujours de se construire

rencontre de populations très urbaines, de toutes une personnalité plus responsable et plus ouverte.

origines, mais aussi rurales. Il s’y développe De cela, toute la société en tire les bénéfices. La

d’autant plus que l’Ile-de-France est une région République doit donc dire merci au football ama-

démographiquement jeune, mais il ne faut pas teur, à ses dirigeants, à ses éducateurs et à leur

oublier les équipes corpo ou de vétérans. dévouement quotidien. En tout cas, je veux

leur dire mon admiration et mon affection.

Quel est selon vous son rôle ? Le rôle d’un club de sport en gé-

néral est d’abord et avant tout d’encadrer une pratique pour qu’elle Comment l’Etat peut aider et accompagner les clubs dans

se déroule dans les meilleures conditions possibles avec du person- leurs nouvelles missions ? L’Etat accompagne déjà les clubs via

nel formé, l’accès à des équipements et à un matériel adaptés, le les subventions accordées par le Centre national pour le déve-

tout dans un cadre sécurisé. Un club sportif c’est d’abord un club loppement du sport (CNDS), qui attribue chaque année plus de

pour faire du sport, pour s’y détendre, s’y amuser. Ne l’oublions 20 millions d’euros au mouvement sportif francilien sur la base de

pas. S’agissant du football en particulier, sport le plus populaire et projets à vocation sociale ou citoyenne, tels l’aide à la formation,

le plus universel, le maillage territorial assuré par les clubs est tel la promotion de la santé et de l’éthique, de la pratique féminine,

qu’ils dynamisent les quartiers ou les villages sur du développement durable… Ces moyens sont

lesquels ils sont implantés et jouent un rôle de "Quelle autre concentrés dans les zones où les besoins sont
lien social essentiel. Ils proposent convivialité et activité humaine les plus importants. Et comme rien ne remplace
exercice physique à des populations jeunes. C’est l’encadrement humain pour structurer la pratique
transcende les
particulièrement important pour des publics qui et ancrer dans l’esprit des licenciés les valeurs

n’ont pas suffisamment accès à la culture et à la clivages sociaux du sport, qui sont aussi celles de notre société,
convivialité. Les clubs de foot offrent une respira- aussi bien que le j’ai demandé que l’effort en faveur de l’emploi
tion dans un quotidien parfois difficile. sportif soit fortement accentué. Ainsi, au sein
football ?" de l’enveloppe que le CNDS consacre à l’Ile-de-

Est-ce que la notion de club citoyen vous parait France et qui reste assez stable d’une année sur

pertinente ? Et que doit-elle recouvrir ? Le club de football, où se l’autre, les crédits consacrés à l’aide à l’emploi ont plus que dou-

cultivent des valeurs de partage, de solidarité, de bien-être, d’effort, blé l’an dernier, passant de 2,5 à 5,8 millions d’euros entre 2014

de respect de la règle et des autres, constitue un vecteur d’intégra- et 2015. Je souhaite que cette tendance se renforce encore cette

tion irremplaçable. De ce point de vue, oui, il est un rempart contre année.

le repli sur soi, le communautarisme, la délinquance et il contribue

à renforcer le ciment républicain, dont la solidité, dans certains terri- Doit-on aller vers une plus grande professionnalisation des

toires, reste malheureusement précaire. Le club de football est donc clubs amateurs ? Oui, je crois que la structuration de la pratique

bien un lieu d’apprentissage de la citoyenneté à travers toutes les sportive passe aujourd’hui plus que jamais par le développement

valeurs que j’ai indiquées. Il est d’autant plus précieux qu’il touche de l’emploi sportif salarié. Des personnes bien formées, titulaires

certains publics, en difficulté sur le plan scolaire ou professionnel par d’un diplôme, exerçant une activité très régulière voire à temps

exemple, que seul le sport permet de valoriser et de "raccrocher" à plein dans le milieu du sport, tels sont, à mon sens, des gages de

notre communauté de destin et à l’idéal républicain. qualité de l’encadrement de la pratique. Mais cette tendance qui

doit être confortée ne signifie pas, bien sûr, la disparition des béné-

L’action du club devrait-elle se borner à un aspect sportif ? voles. Le sport a et aura toujours besoin d’être porté par des pas-

En "ratissant le terrain" d’une manière aussi large et systématique, sionnés, désintéressés, amoureux avant tout de l’activité physique,

davantage en tout cas que tout autre mouvement sportif ou même adhérant aux valeurs qu’il incarne et désireux de les transmettre. Le

associatif en général, de par le phénomène social qu’il représente sport a besoin de tout le monde. Et notre société a besoin du sport.

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