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Kylian Mbappe : "Je suis reconnaissant
envers Bondy (93) qui m’a tout donné"
Ses retours à Bondy, le club de ses débuts, ne passent plus inaperçus. Pur produit
francilien désormais professionnel à Monaco, Kylian Mbappe représente à merveille
la vitalité de ce vivier francilien qui continue d’alimenter l’élite du football français. Le
talentueux avant-centre, vainqueur en 2016 de la Coupe Gambardella et de l'Euro U19 avec
les Bleus, s’est confié en exclusivité pour évoquer son expérience en région parisienne.
Quels sont vos souvenirs de ces neuf années à l’AS Être francilien, dans une région où le football semble
Bondy ? plus compliqué à pratiquer, est-ce un avantage ou un in-
Comme tout le monde, je me rappelle des tournois qu’on a convénient ?
pu faire, les bons moments passés sur le terrain mais aussi C’est un avantage. Quand vous partez en province, le ni-
à l’entraînement parce que c’est davantage une bande de veau est inférieur. En Ile-de-France, il y a de grosses af-
copains qui jouent ensemble dans les clubs amateurs. On fiches presque tous les week-ends. C’est à ce moment
ne se prenait pas la tête, on jouait avec l’insouciance de la précis que vous vous dites que cette région possède un
jeunesse. On s’amusait et c’est le plus important je pense. vivier impressionnant avec un niveau énorme. Mais je ne
pense pas que les joueurs franciliens s’en rendent réelle-
En Île-de-France, c’est presque rare cette fidélité à un ment compte. Ils se disent que c’est partout pareil. Non,
club chez les jeunes… ce n’est pas le cas.
Je me dis que je n’étais pas pareil que les autres. Je suis ex-
trêmement reconnaissant envers l’AS Bondy, c’est mon club Comment expliquer ce niveau plus élevé en Île-de-
de cœur. C’est la formation qui m’a tout donné et c’était tout France ?
naturel que j’y reste autant d’années. En plus, mon père tra- C’est une région qui vit avec le football. Beaucoup de
vaillait au club et mon grand frère, mon modèle, y jouait éga- monde mange foot, respire foot et dort foot. Vous pouvez
lement. Quand j’étais tout petit, c’était un rêve de jouer dans aller dans n’importe quelle ville, vous sentez que le football
cette équipe de Bondy. Je voulais y rester jusqu’à un départ est au centre des attentions. Il y a d’autres régions où,
dans une structure professionnelle. Il n’y a jamais eu de puisque j’ai eu la chance de voyager avec Monaco et
doute dans mon esprit. La fidélité, c’est primordial l’équipe de France, ça ne sent pas le foot.
pour se faire des amis et avoir une certaine stabi-
lité. Un intérêt prononcé pour la région parisienne qui
amène les jeunes joueurs à
Quel est votre regard, désormais exté- chercher surtout la perfor-
rieur, sur le football francilien depuis Mo- mance dès le plus jeune âge...
naco ?
On remarque C’est effectivement
que le ça le seul point négatif.
football Maintenant ça commence de plus en
francilien a plus tôt. Les jeunes ne se posent pas les
beaucoup évo- bonnes questions. Ils se demandent qui
lué. Les tournois est dans les tribunes au lieu de réelle-
sont beaucoup mieux organi- ment s’amuser. Tout le monde ne sera
sés par exemple. Maintenant le football ama- pas footballeur professionnel. C’est
teur a une place importante dans le département avant tout un plaisir, pas seulement de
de Seine-Saint-Denis notamment. J’ai constaté la compétition.
qu’il y a de plus en plus de personnes pour assu-
rer le bon déroulement de ces événements, dont
de nombreux bénévoles qui mettent du cœur à
l’ouvrage.
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